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Louisiane 2018 - PTB Namur

Rédigé par Admin | 23 avril 2018

Des élus namurois dans les eaux troubles du bayou.

Les élus namurois paraissent inconditionnels de la chanson « Voyage, voyage » de Desireless. Avec une destination revenant fréquemment : la Louisiane, connue pour son bayou, des étendues d’eau formées par les anciens bras et méandres du Mississippi. Des étendues d’eau pas toujours des plus transparentes, comme les dépenses et l’agenda des mandataires participant à ces voyages.
Le dernier et récent voyage d’une délégation namuroise – mais pas que – à la Nouvelle-Orléans est l’occasion de faire un bilan de ces séjours en Louisiane. Et surtout, de continuer de soulever les questions qu’ils posent sur leur utilité et la gestion stricte des dépenses publiques.

Un accord d’entente entre villes… signé plusieurs fois.

La charte de jumelage de Namur avec la ville louisianaise de Lafayette a été signée en 1979. Dès 1983, les premières délégations namuroises s’y rendent. En retour, des élus de Lafayette sont aussi accueillis à Namur (1).

En 1996, les statuts de l’ASBL Namur-Lafayette sont constitués. Elle est toujours présidée par Frédéric Laloux (PS), devenu directeur de l’ASBL Namur-Europe-Wallonie (NEW) lorsqu’il a quitté les bancs du conseil communal, en octobre 2013. NEW, fonctionnant avec de l’argent public, a déjà assuré des frais dans le cadre de ces voyages (2).

Depuis 2011, l’accord d’entente entre Namur et Lafayette, pourtant déjà signé, a encore été signé par plusieurs élus namurois. Si en 2011, le bourgmestre Jacques Étienne (cdH) l’a paraphé dans le cadre de la visite d’une délégation de Lafayette à Namur, en 2013 le bourgmestre Maxime Prévot (cdH) s’est envolé pour la Louisiane avec son équipe : Stéphanie Scailquin (cdH), Bernard Guillitte (MR), Anne De Gand (Ecolo), Eliane Tillieux (PS) et – évidemment – Frédéric Laloux. L’objectif ? Comme dit, signer – une fois de plus ! – un accord d’entente entre les villes (3). Et aussi l’occasion pour cette délégation multicolore d’aller faire un petit tour au Festival International de Louisiane, et pour Maxime Prévot de monter sur la scène… Certes, ils avaient été invités, mais comme l’assurait Frédéric Laloux à son retour : « On s’est promené dans le festival en costume cravate, ce qui montre bien qu’on ne s’y est pas rendu pour s’amuser. » (4)

Si un accord de jumelage entre Namur et une autre ville dans le cadre du développement de projets communs n’est en rien critiquable, nous pouvons nous demander pourquoi Maxime Prévot a voulu se rendre à son tour en Louisiane avec autant d’élus pour signer ce qui l’était déjà ? Sur la participation de chaque parti au séjour, c’est simple, ça évite que l’opposition, alors socialiste, pose des questions. Quel a exactement été leur agenda sur place, mystère… Quant aux frais de déplacement, 6.000 euros, ils ont été à la charge de NEW. C’était à l’époque un début de réponse. Mais concernant le dernier voyage à la Nouvelle-Orléans, là aussi, mystère…

Louisiane 2018 : le saxophone, le « NIMSAT » et les eaux troubles du bayou.

En avril 2018, beaucoup d’élus wallons se sont rendus à la Nouvelle-Orléans, la plus grande ville de Louisiane. Au niveau de la délégation namuroise, il y avait Maxime Prévot (cdH), Bernard Guillitte (MR), Gwenaëlle Grovonius (PS), ainsi que le président du CPAS de Namur, Philippe Noël (Ecolo). Le gouverneur provincial, Denis Mathen (MR), y était également.

Tout a débuté par la remise d’un saxophone aux autorités locales, pour les 300 ans de la ville. Pas l’instrument en tant que tel, non, mais une œuvre pareille à celles qu’on peut voir sur le pont Charles de Gaulle à Dinant. Cela fait, les différentes délégations sont allées de leur côté. C’est ainsi que les élus namurois ont assisté à une présentation du programme de gestion des crises en Louisiane. C’est le « National Incident Management Systems and Advanced Technologies » ou « NIMSAT ». Nous pouvons traduire par les « Systèmes de Gestion d’Incidents Nationaux et les Technologies Avancées ». Derrière cette appellation alambiquée, il s’agit surtout d’impliquer le secteur privé dans la gestion des catastrophes… ce qui intervient justement à l’heure où la protection civile belge, publique, voit son budget réduit par le gouvernement fédéral. Un simple hasard ?

C’est là que nous pénétrons dans les eaux troubles du bayou… La gestion de crise, c’est l’une des responsabilités d’un gouverneur provincial, à l’exemple de Denis Mathen. Ce dernier avait déjà eu une présentation du programme « NIMSAT » en 2016. Rebelote en 2018, soit. Si cela fait partie de ses compétences, et si cela peut également avoir un rapport avec la fonction de bourgmestre, ce n’est pas le cas pour une conseillère communale de l’opposition, Gwenaëlle Grovonius (PS), pour un Échevin de l’Environnement et des Espaces verts, Bernard Guillitte (MR) ou pour un président de CPAS, Philippe Noël (Ecolo).

À l’inverse du voyage de 2013, dans ce cas récent, il y a encore moins de réponses sur l’intérêt de ce séjour pour ces mandataires et sur la prise en charge des frais. Plus précisément : il n’y a aucune réponse. Qui a financé quoi ? Qui a fait quoi, sur place, dans le cadre de sa fonction politique ? Dans quel intérêt concret ? … C’est « Voyage, voyage » et puis « Silence, silence », zéro pour la transparence. Avec l’espérance que le temps enfouisse les questions dans la vase d’un bayou perdu au fond de la Louisiane… Opération « oubliettes ».

« Il ne s’agit pas de vacances » ou le modèle suédois ?

La justification de nos élus-voyageurs est souvent la même : « Il ne s’agit pas de vacances » (5). Alors, si ce ne sont pas des vacances, pourquoi le silence ? Pourquoi ne pas publier son emploi du temps durant le voyage, avec les motifs des rencontres et leurs liens avec la fonction politique occupée ? Le président du CPAS serait-il un expert méconnu en matière de gestion de passage d’ouragan, comme Katrina, qui dévasta la Louisiane en 2005 ? Pourquoi donc ne rien dire des frais, sur qui les prend en charge ?… Silence, silence.

Avec les multiples scandales comme PubliFin ou le Samu Social de Bruxelles, tous les ténors du PS, du cdH, du MR et d’Ecolo ne jurent que par la « bonne gouvernance ». Le PTB, lui, est pour gouverner dans l’intérêt de la population, avec un contrôle strict des dépenses publiques des élus, autrement dit une transparence totale. Nous faisons de la politique pour servir, pas pour nous servir. Et cela doit passer par des mesures concrètes, que le pouvoir actuel met beaucoup, beaucoup de temps à prendre. Parce qu’avec le temps, tout s’oublie…

En Suède, la transparence est la règle (6). Il serait inimaginable qu’une situation comme celle de ce voyage en Louisiane passe pour les élus concernés comme une lettre à la poste. En Suède, les citoyens, et donc la presse, peuvent savoir ce que gagne et dépense chaque élu, sur simple demande auprès de l’Office des impôts. Frais de réception ou de déplacement, communications téléphoniques… Tout est minutieusement réglementé et vérifié. Ce qui est possible en Suède ne le serait pas en Belgique ? Ces politiciens ont décidément beaucoup de mal à prendre des mesures qui concernent leurs (éventuels) privilèges…

 

  1. http://www.namur-lafayette.net

  2. SudInfo.be (25 avril 2013). « 6.000€ pour des "vacances" aux États-Unis : nos élus namurois s’offrent la Louisiane avec l’argent du contribuable. »

  3. SudInfo.be (27 avril 2013). « Que font nos sic élus namurois en Louisiane ? Ils s’éclatent à un festival de musique. »

  4. SudInfo.be (30 avril 2013). « Laloux est de retour de son voyage en Louisiane : "Nous avons été pris de court." »

  5. Idem réf. 3

  6. http://www.lefigaro.fr/international/2013/04/09/01003-20130409ARTFIG00284-normal-comme-un-ministre-suedois.php