Quotas de logement public : Namur paie le prix de son manque d'investissement
Une fois de plus, M. Prévot, bourgmestre de Namur, se prononce aujourd'hui contre l'obligation faite aux communes d'atteindre une part de 10% de logements publics dans leur parc immobilier. La Ville de Namur a longtemps respecté cette exigence, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et donc, la Ville est sanctionnée. La perte est de 900 000 euros sur trois ans.
Et la Ville a encore de la chance. Car elle ne subit qu'une diminution de sa dotation du Fonds des Communes. Alors que le décret prévoit aussi une amende pour les communes qui ne respectent pas le quota de 10% de logements publics. Seulement, le gouvernement wallon n'applique pas cette disposition...
M. Prévot ne manque pas de culot lorsqu'il qualifie l'attitude de Namur d'“exemplaire”. Faut-il lui rappeler l'article 23 de notre Constitution : “Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine. Ce droit comprend le droit à un logement décent” ? Certes, Namur crée encore du logement public, mais l'effort est totalement insuffisant au regard des besoins des Namurois.
Il y a aujourd'hui à Namur 1 250 candidatures pour un logement social et 400 ménages en attente à l'Agence immobilière sociale. Qu'a fait la Ville pour répondre à ces besoins ? Beaucoup trop peu. L’an passé, 22 logis ont été créés par les sociétés de logement social. 25 autres sont inclus dans des projets privés, et mis en location via l'Agence Immobilière Sociale. 47 logements, donc, pour une demande dépassant largement le millier. Cette même année 2016, la majorité a autorisé la création de 737 logements. Le tsunami de constructions privées se poursuit, avec essentiellement des immeubles de luxe. Le prix d’un appartement deux chambres y dépasse en général les 300 000 euros. Ce marché arrive à saturation, les appartements traînent à trouver acquéreur. Pendant que des gens sont à la rue, ou fuient Namur pour la Basse-Sambre ou le sud de la province, où les loyers sont plus bas…
La trop faible proportion de logements publics a un effet néfaste sur le prix des loyers dans le secteur privé. Ceux-ci sont hors de prix pour de nombreux citoyens. Le PTB réclame une autre politique : des logements pour tous les revenus, et 30% de logements publics, comme aux Pays-Bas. Mais clairement, la priorité de M. Prévot n’est pas là, mais dans ses “grands projets” dont on se demande encore ce qu’ils vont apporter aux Namurois.
M. Prévot ferait bien de s'inspirer de ces mots de l'abbé Pierre :
" Gouverner, c’est loger son peuple ".