Skip to content

Parc Léopold : entre le géant du béton Besix et 12.945 Namurois, la majorité cdH-MR-Ecolo a fait son choix

Parc Léopold : entre le géant du béton Besix et 12.945 Namurois, la majorité cdH-MR-Ecolo a fait son choix

Jeudi 8 février 2018, la majorité à la Ville de Namur et le promoteur Besix ont organisé une conférence de presse annonçant la construction d’un centre commercial sur l’entièreté du parc Léopold ; un projet plus grand encore que le « Côté Verre » du promoteur précédent Urbanove.

Le PTB continuera de soutenir les citoyens et le Collectif pour la sauvegarde du parc Léopold, qui se sont battus et se battront encore contre ce projet.

À la troisième question de la consultation populaire du 8 février 2015 – celle concernant la création d’un centre commercial impliquant la suppression du parc Léopold – 12.945 citoyens namurois ont dit non. La société Besix et le projet de centre commercial de la majorité namuroise pèsent-ils plus que ces milliers de voix ? Pour la majorité cdH-MR-Ecolo, la réponse est oui. Pour le PTB, la réponse est clairement non.

Jeudi 8 février 2018, la majorité à la Ville de Namur et le promoteur Besix ont organisé une conférence de presse annonçant la construction d’un centre commercial sur l’entièreté du parc Léopold ; un projet plus grand encore que le « Côté Verre » du promoteur précédent Urbanove.

Ce choix politique est antidémocratique, anti-écologique, financièrement coûteux pour la commune et antisocial. Il est aussi opposé à une vision de la ville à la mesure des gens.

 

Antidémocratique premièrement, car le résultat de la consultation populaire est clair et indiscutable. L’avis exprimé majoritairement doit primer sur les intérêts financiers des diverses sociétés qui ont porté et portent encore le projet de centre commercial. Une « chance » pour le bourgmestre Maxime Prévot (cdH) et l’échevin Arnaud Gavroy (Ecolo), ardents défenseurs de ce projet au niveau politique, qu’une consultation ne soit pas contraignante : ils peuvent donc facilement continuer de s’asseoir sur les voix des 12.945 Namurois ne voulant pas d’un centre commercial à la place d’un parc public.

Antiécologique ensuite, car le projet annoncé sera encore plus imposant que le précédent. Prévoyant des commerces, des logements, des bureaux, il aura pour effet, entre autres, de drainer encore plus de véhicules dans un centre-ville déjà saturé. La promesse de réaliser un nouveau parc sur le site de la Haute Ecole Albert Jacquard ne change rien au fait de couper de beaux arbres en pleine maturité au parc Léopold, pour hypothétiquement en replanter ailleurs. En prime, le terrain de l’école ne permettrait pas de créer un vrai parc, mais tout au plus un parc « artificiel » (un « parc urbain » avec seulement des buissons en plantations moyennes selon l’échevin MR Bernard Guillite). Qui plus est, dans un espace fermé par des façades très hautes et seulement ouvert vers le Nord… Ce n’est pas la première fois que la majorité promet d’installer un parc dans Namur. Elle en avait déjà annoncé un petit aux Abattoirs de Bomel en compensation du parc Léopold, mais le premier arbre n’a toujours pas été planté. Enfin, quel sera le coût écologique du chantier prévu avec ces nouveaux travaux ? 

Troisièmement, au niveau financier, cela implique que la commune achète le terrain sur lequel elle promet un nouveau parc. Rien que pour cette acquisition, un montant de 3,5 millions a été cité. Le bourgmestre se veut rassurant : il tentera de négocier le prix. Mais encore faut-il alors que ce terrain ne soit pas attribué à plus offrant. Reste que si la Ville en fait l’acquisition, le contribuable namurois acceptera-t-il qu’on rase un parc et qu’on dépense son argent pour en créer un autre ?

 Enfin, quatrièmement, ce projet est antisocial. Concernant le logement prévu, il y a fort à parier que ce sera dans la tendance actuellement dominante, celle du « standing », du luxe. Pour le PTB, si mixité il doit y avoir, elle doit d'abord être sociale. Rappelons que la ville de Namur perd chaque année des subsides publics car elle ne respecte pas les quotas minimaux de création de logements sociaux, et que des centaines de familles sont sur une liste d’attente pour en obtenir un.

C’est pourquoi le PTB continuera de soutenir les citoyens et le Collectif pour la sauvegarde du parc Léopold, qui se sont battus et se battront encore contre ce projet. Si vous souhaitez être tenu au courant des prochaines actions qui seront prévues, n’hésitez pas à nous contacter: via notre adresse namur@ptb.be ou le numéro 081 73 71 81.

Une ville est parcourue de rapports de force et est un territoire politique

Au-delà de ces différents aspects, la lutte pour préserver le parc Léopold est aussi le miroir des rapports de force qui se jouent dans l’espace où nous vivons, qui en déterminent l’aménagement, plus profitable pour les uns que pour les autres. Une ville est tout sauf un lieu neutre, un corps qui évoluerait « naturellement ». Au contraire, c’est un lieu de lutte et un territoire politique, où des intérêts et des visions de société s’opposent. Le pouvoir financier ici incarné par les divers promoteurs du centre commercial, actuellement Besix, et le pouvoir politique, celui de la majorité cdH-MR-Ecolo, sont les acteurs d’une ville pensée comme un produit, une marchandise. Le « clé sur porte », dans ce cas un centre commercial avec des logements – pour qui ? – et des bureaux, l’emporte, pour le moment, sur les besoins de la population, par exemple en terme de logement à des prix accessibles et de parcs publics dignes de nom. C’est révélateur de pour qui et par qui Namur est développée. Dans ce qui est présenté comme du « gagnant-gagnant », tout le monde ne gagne pas, il y a beaucoup d’oubliés. Les pouvoirs locaux négligent celles et ceux qui ont un pouvoir politique, et peuvent s’organiser pour construire – par la résistance et la lutte dans la rue – un contre-pouvoir et faire entendre leurs intérêts. La ville est bel et bien un lieu de lutte, et le PTB continuera de sensibiliser, organiser et mobiliser les gens pour bâtir une ville à la mesure des gens, où les besoins prioritaires sont rencontrés, où l’avis des citoyens qui votent à une consultation populaire soit respecté.

Bref, pour le PTB et les citoyens qui se sont organisés il y a trois ans, la réponse est la même qu’à l’époque de la consultation populaire : 3 X Non !

Dates clés :

2011 : la société City Mall annonce le projet de construire un centre commercial impliquant la suppression du parc Léopold. Elle répond ainsi à la volonté de l’échevin Gavroy (Ecolo) d’avoir un tel centre au milieu de la ville.

Début 2012 : le PTB réagit, s’opposant à ce projet, et commence à mobiliser la population. 

Août 2012 : création du Collectif pour la sauvegarde du Parc Léopold, pour préserver et réhabiliter, entretenir et embellir celui-ci.

18 janvier 2013 : remise par le Collectif des 12.089 signatures de la pétition pour préserver le parc Léopold au bourgmestre. Direction le bac à papier.

29 juillet 2014 : le seuil de 10% de la population namuroise pour l’organisation d’une consultation populaire d’initiative citoyenne est atteint par le Collectif, au terme de plusieurs mois d’intense travail de terrain.

29 août 2014 : la majorité cdH-MR-Ecolo coupe l’herbe sous le pied du Collectif en prenant l’initiative d’organiser une consultation populaire avec ses propres questions (au nombre de 3).

8 février 2015 : jour de la consultation populaire, où le 3 fois NON l’emporte. Les Namurois qui ont voté sont majoritaires à s’opposer au centre commercial en place du parc Léopold.

12 février 2015 : la majorité annonce la mise en place d’un comité de conciliation entre les divers acteurs. Le projet alternatif permettant de préserver le parc n’est pas pris en considération, et le 11 juin le promoteur dévoile le sien, qui implique toujours la suppression du parc. 

Décembre 2016 : Besix reprend le projet de centre commercial à Urbanove qui est en faillite. Avec le crash de cette dernière société, 12,5 millions d’argent public ont été perdus par la Société Régionale d’Investissement de Wallonie, Meusinvest (présidée par Jean-Michel Javaux, ancien coprésident d’Ecolo) et Namur Invest (liée à la Sowalfin, dont le vice-président du conseil d’administration était l’ancien chef de cabinet de Maxime Prévot à la Région, Philippe Buelen.)

8 février 2018 : la majorité namuroise annonce le nouveau projet impliquant toujours la suppression du parc Léopold.

10 février 2018 : le Collectif pour la sauvegarde du Parc Léopold annonce qu’il étudiera le projet proposé, mais qu’il continuera le combat pour la préservation du parc. 

Besix, un « partenaire » pas si propre…

Fondée en 1909, la Société Belge du Béton devient Besix en 2004. C’est le plus gros groupe belge dans le secteur de la construction, actif au niveau mondial. À Namur, l’une de ses filiales, Cobelba, s’est distinguée en… sponsorisant l’achat de la tortue de Jan Fabre. Comme le déclarait à l’époque Nathalie Henri, de Cobelba : « En tant que grande société active à Namur, il nous semble indispensable de participer au renouveau de la ville, à sa redynamisation, d'apporter notre soutien à de grands projets qui passent par la culture. » Une tortue qui coûte aux Namurois, un cadeau empoisonné, la lubie du bourgmestre…

En 1966, la société développe Six Construct pour investir au Moyen-Orient. Or les conditions des travailleurs de Besix au Qatar sont inhumaines, mais cela n’empêche pas la multinationale de répondre : « On n’est pas le pire élève de la classe. » En 2006 d’abord, des ouvriers se mettent en grève pour exiger une augmentation salariale, de 106 dollars par mois à 150. La multinationale est assurée du soutien des forces de l’ordre, et le lendemain, le mouvement social est enterré avec l’expulsion de 50 travailleurs.

En 2016, des atteintes au droit du travail sont constatées par Amnesty International envers des travailleurs migrants qu’emploient – qu’exploitent – des entreprises de la chaîne d’approvisionnement de Six Construct. Logements surpeuplés, passeports confisqués… 

Mais pour Besix, tout va bien : le chiffre d’affaires de la multinationale ne cesse d’augmenter, atteignant à 2,4 milliards en 2016.

Voilà le « partenaire » de la majorité namuroise pour liquider le parc Léopold. Pas si propre…